Coopération universitaire
- Publié par A. S.
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De la mémoire coloniale au dialogue des peuples
Dschang, UDs/SIC-21/09/2017. Coordonné par le Pr Albert Gouaffo et ses collègues d’Allemagne, le colloque de restitution des résultats intermédiaires des recherches sur la part de l’histoire partagée entre le Cameroun et l’Allemagne, a connu des activités. Une table ronde a été organisée sur le thème « Histoire coloniale à Düsseldorf – un dialogue est-il possible? ». Il était question pour les organisateurs de démontrer que la construction de la mémoire coloniale à Düsseldorf peut conduire à un dialogue franc entre l´ex-colonisateur allemand et les ex-colonies. Le Panel était constitué de cinq intervenants. Le Professeur Michels a signalé que la posture « bourreau vs victime » adoptée par des hommes politiques et certains intellectuels de la période postcoloniale ne permet pas de réconcilier les peuples avec leur histoire. Les bourreaux d´hier campent sur leur position, se défendent, se justifient et relativisent les crimes coloniaux s´appuyant sur la collaboration de certains acteurs africains de l´époque. Le professeur Gouaffo pour sa part va insister sur la transdisciplinarité de la question coloniale. Les approches historico-sociologiques, littéraires et artistiques, culturelles et civilisationnelles pour ne citer que celles-ci peuvent permettre de mieux comprendre la réalité coloniale et ses survivances dans la société contemporaine. Il est d´avis que le dialogue est avant tout un processus à enclencher. Pour ce faire, il faut qu’un ensemble de conditions soient réunies: la volonté des parties prenantes d´aborder sans tabou la question coloniale, la révision des systèmes éducatifs pour combattre les préjugés, la construction ou la réhabilitation des lieux de mémoire coloniale. Samuel Awusum, informaticien camerounais, va d´ailleurs regretter le fait que beaucoup d´Allemands soient ignorants de la question coloniale. Il pense qu’il est urgent de sensibiliser les populations de Düsseldorf sur le passé colonial de leur pays pour qu´elles comprennent la portée symbolique des lieux de mémoire implantés dans leur cité par le politique. Le Pasteur Wilfried Neusel, ancien responsable du Service œcuménique de l´Eglise Évangélique du Rheinland, pour sa part, s´indigne des crimes coloniaux pour ensuite insister sur la reconnaissance officielle de ces crimes pour entrevoir le pardon ou les réparations symboliques. Philipp Koepp, Professeur d´histoire soutient qu´il faille enlever de la ville de Düsseldorf tous les noms des acteurs coloniaux ayant été coupables de crimes et autres exactions comme le Herrmann von Wissmann. Cette Vision n´est pas celle d´Adonis Menoue, sociologue camerounais, Fondateur en 2008 de l´Association des camerounais de Düsseldorf, communicateur à la FEBI (une entreprise Allemande). Il pense surtout à ce que le Cameroun a perdu, du fait de la colonisation. Une réparation ou une rétrocession des objets emportés par les colonisateurs seraient primordiales pour lui. Au sortir, tous les panelistes et le public ont été d´avis qu´un dialogue était possible et qu´il fallait l´enclencher. / HT|HF