Quand les antibiotiques menacent nos assiettes

Dschang, UDs/SIC-28/07/25.Le Dr DEBE Fokem explore les risques liés à la pisciculture et à la santé publique au Cameroun

Dans l’amphithéâtre de la Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA), le chercheur DEBE Fokem a soutenu une thèse de doctorat aussi rigoureuse que préoccupante. Portant sur « L’utilisation des antimicrobiens dans la pisciculture et les risques pour la santé publique au Cameroun », cette recherche pionnière éclaire d’un œil critique les pratiques d’élevage piscicole et leurs conséquences sur la santé des consommateurs. Une soutenance couronnée par une mention Très Honorable, devant un jury présidé par le Professeur NGOULA Ferdinand.

Pendant trois ans, de juillet 2020 à mai 2023, DEBE Fokem a sillonné les régions de l’Adamaoua, du Centre, du Littoral, du Sud et de l’Ouest, interrogeant pisciculteurs et consommateurs, analysant leurs habitudes, échantillonnant les produits piscicoles. Objectif : comprendre comment l’usage mal maîtrisé des antibiotiques, notamment la tétracycline, favorise l’émergence de bactéries résistantes, avec des répercussions potentielles sur la santé publique.

Son approche méthodique repose sur un double dispositif : une évaluation des connaissances, attitudes et pratiques (CAPP) des pisciculteurs face aux antimicrobiens, et une quantification des résidus de tétracycline dans les produits piscicoles, à travers l’International Fish Safety Index. Résultat ? Si l’exposition du consommateur reste globalement faible, les pratiques des pisciculteurs montrent des failles sérieuses en matière de biosécurité.

« Le problème n’est pas uniquement dans le produit fini, mais dans la chaîne de production elle-même », explique-t-il. Stress, pression hiérarchique, méconnaissance des protocoles de sécurité… autant de facteurs qui favorisent l’usage excessif et souvent injustifié des antibiotiques, avec un risque accru de transmission de germes résistants.

Avec clarté et rigueur, le Dr DEBE Fokem tire la sonnette d’alarme et appelle à un meilleur encadrement des pratiques piscicoles, fondé sur la sensibilisation, la réglementation et le suivi sanitaire. Sa thèse pose ainsi les jalons d’un plaidoyer national pour une pisciculture durable, respectueuse de la santé humaine et de l’environnement.

L’Université de Dschang peut se féliciter d’avoir porté cette recherche à maturité. Et le public présent, composé d’enseignants, d’étudiants, de collègues et de proches, n’a pas manqué d’exprimer son admiration pour ce chercheur dont la passion pour la science se double d’un profond sens de l’engagement social./AS