Colloque international sur l’agriculture et le développement en Afrique

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Quand la caféiculture raconte l’histoire économique du pays Bamiléké

Dschang, UDs/SIC-03/05/25.À l’Université de Dschang, la première session du Colloque International sur l’Agriculture, la Ruralité et le Développement Endogène en Afrique a plongé les participants dans les dynamiques rurales africaines. Sous la houlette du Pr Joseph Tanga Onana, les échanges ont mis en lumière les réalités complexes d’une agriculture à la fois vivrière et commerciale. Focus sur une intervention marquante : celle du Pr Théodore Ngoufo Sogang sur l’économie caféière dans le pays Bamiléké.

Réunis à l’auditorium Joseph FONDJO de l’Université de Dschang, une cinquantaine de chercheurs, enseignants et étudiants ont entamé les travaux de la première session thématique du colloque en cours, dédiée aux tensions et croisements entre agriculture vivrière, économie de traite et cultures de rente. Au centre des discussions : l’impact des nouvelles pratiques agricoles sur les économies locales et le devenir des communautés paysannes.

Dans son exposé intitulé L’extraversion de l’économie et l’influence mitigée des pratiques agricoles nouvelles sur la vie paysanne : cas de la caféiculture, le professeur Théodore Ngoufo Sogang a déroulé une analyse aussi lucide qu’engagée. Il y rappelle le rôle stratégique du Kunze, figure locale ayant accompagné la libéralisation de la culture du café dans le pays Bamiléké. Une culture qui, dans un premier temps, a favorisé le développement rural par la vente directe des récoltes, permettant aux paysans de générer des revenus immédiats.

Mais cette dynamique va connaître une mutation avec l’avènement des coopératives agricoles, qui structureront davantage les échanges et multiplieront les gains pour les producteurs. Cependant, l’embellie ne dure qu’un temps : entre 1992 et 1993, le marché s’effondre. Le kilo de café chute à 225 F, semant le désarroi dans les campagnes. Paradoxalement, une remontée spectaculaire des prix entre 1993 et 1994 redonne espoir aux paysans, avec un kilo culminant à 1 500 F.

Cette instabilité structurelle, selon le Pr Ngoufo, révèle à quel point les politiques agricoles et les marchés mondiaux peuvent affecter brutalement la vie des producteurs. Il invite ainsi la jeunesse à ne pas délaisser l’agriculture, tout en les incitant à diversifier leurs activités économiques pour ne pas dépendre exclusivement d’un secteur aussi volatil.

Le colloque se poursuit avec d’autres communications tout aussi riches, entre récits historiques, témoignages de terrain et perspectives pour une Afrique nourricière et souveraine./AS